Les croix de chemins et carrefours de la commune de Préveranges

les Croix

 Avec l'aide d'un ami Préverangeois j'ai répertorié 15 croix en bois sur la commune. Il y en avait certainement d'autres aujourd'hui disparues, comme celles du Parc et de Marcost. La plupart sont du 19 e siècle.

Ces croix sont situées à l'intersection de routes et chemins , jadis ce n'était que des chemins plus ou moins important. Elles délimitaient également les hameaux.  Elles avaient le double rôle de guider et protéger les voyageurs.

,Toutes ces croix sont orientées dans le sens du plus large chemin .

Autrefois la tradition voulait qu'au passage d'un défunt, lors de son dernier trajet de sa maison à l'église paroissiale ,le convoi funéraire s'arrète devant les croix rencontrées . Une petite croix était alors clouée sur la grande  et une prière était récitée . Ces petites croix avient été realisées par le menuisier en même temps que le cercueil.

Hormis celle de Mont un peu à l'écart les personnes qui aiment randonner peuvent faire un joli parcours sur les chemins de Préveranges afin de les visiter, J'ai calculé environ 12 kms

Les personnes qui pourraient avoir des renseignements complémentaires ( dates de construction ou donateurs de ces croix) peuvent me contacter .

 En 1901, Mr Demont demande au conseil la pose d'une croix à Marcost ( elle a disparut dans les années 1960 ).

Une autre croix  existait  également au lieu-dit:  les Fourchons  

 Une croix existait également dans le bourg à l'angle de la route du Betoux.

La croix Gamère , référencée avec ce nom sur certaines cartes est probablement nommée ainsi car en ce lieu habitait un menuisier portant le patronyme Gamère et probable fabricant de cette croix.

Quelques croix se ressemblent, peut être le même fabricant, mais avec quelle signification. une seule, celle de la route des Maisons ressemble fortement à une croix celtique.

Route des maisons

 Rénovation des croix

Le bulletin de la municipalité N° 8 de février 1993 nous siqnale que 5 croix avaient été remise en état le 16 décembre 1991 il s'agissait de celles de l'Age, des Coterelles, de la Croix Homo, de Malétat, et de Mont. Le 17 décembre 1992 cinq nouvelles croix ont été replacées  celles de le Betoux, la Chapelle, Louze, le Parc, Villemoy. Deux autres croix seront remplacées prochainement, elles attendent que les emplacements soient prêts pour les recevoir, il s'agit des croix de Deguilly et la Preugne.

suite de l'article:

A noter que la croix de Sainte-Valère qui domine la commune au lieu dit "La Chapelle" possédait un grand christ. Nous remercions ceux qui nous ont permis de le retrouver car il est très beau. il  a été rénové par les bons soins de Mr Marcel  Lucas et il sera remplacé sans tarder.  Nous profitons de cet article pour  remercier la municipalité de nous avoir permis de remettre debout ces belles croix que nous regardions tritement disparaître. 

Signé: L'équipe de bénévoles

 

 En 2013 la municipalité a renovée cette de Deguilly.

En 2023 la municipalité  avec l'aide de Action Centre Loire Patrimoine et le Crédit Agricole Centre Loire ont entrepris la restauration  de ces croix

Villemoy - Deguilly - Croix Gamaire route du Roubert

Rue St Martin - Route des Maisons - Bouchauvaux

Chemin de Diane - Mont - L'Age

La Croix Homo - Les Coterelles - Malétat

Louze

 

Louzebis

La chapelle

avant et après Rue St Martin

rRue st Martin

St martin nouvelle

la croix homo avant et après 2024

La Croix Homo

La croix homo nouvelle

emplacement des croix

Journée des croix 17 septembre 2023

 

Journee des croix

Une randonnée, ce matin du 17 septembre, a fait le tour de ces croix mais aujourd’hui beaucoup d’entre elles sont en mauvais état et nécessiteraient une réfection. C’est bien pour cela que nous nous sommes retrouvés le 17 septembre après-midi dans l’église de Préveranges.

Là, nous sommes accueillis par Cécile et Odyle Pérot ainsi que Florence Deru qui, a cappella, nous interprètent une belle chanson du moyen-âge : « Le beau Robert ».

Mais Cécile Pérot nous l’indique d’emblée, l’objectif de cette petite fête est de récolter des sous pour la réfection des croix de Préveranges ! Pour ce louable objectif, toutes les associations de Préveranges s’y sont mises et comme il y a beaucoup de musiciens à Préveranges, il a été décidé d’organiser une rencontre « histoire et musique ».

Et le spectacle commence avec Catherine Prosen-Villiod. Notre chanteuse lyrique nous interprète, toujours a cappella et de sa voix profonde, une bénédiction irlandaise traditionnelle.

Puis le Père Marie Laurent revient sur le symbole de la croix en faisant le lien entre religieux et culturel. Mais le Père Marie Laurent est, comme d’habitude, venu avec sa guitare. Alors, on commence par un « Halléluia » de Léonard Cohen repris en chœur par l’assistance.

 Puis il nous rappelle que si la croix est le symbole par excellence des chrétiens, il n’en a pas toujours été ainsi. Pour les premiers chrétiens, ce symbole était trop « lourd à porter » et leur symbole était alors le poisson (Ichtus en grec, acronyme de « Jésus Christ fils de Dieu, notre Sauveur »). Le symbole de la croix n’est venu que plus tard avec la diffusion des Evangiles.

 Et comme avec le Père Marie Laurent tout se termine en chanson, il nous interprète, de sa belle voix, un chant religieux dédié à St Jean.

Nous retrouvons ensuite Catherine Prosen-Villiod pour un chant traditionnel orthodoxe ukrainien. Dans cette mélopée, c’est Marie qui décrit la vie de Jésus. La voix de Catherine fait vibrer toute l’assistance !

Cécile Pérot au violoncelle et Céline Mata à la harpe prennent le relais avec Thaïs, l’opéra de Massenet où on retrouve un moine chrétien qui tente de convertir une prêtresse païenne. Dans cette « Méditation de Thaïs », la prêtresse est en extase, nous aussi !

Maintenant,  nous entamons la partie historique sur les croix de Préveranges avec Jean-Claude Bouvat Martin mais là, Jean-Claude Bouvat Martin nous le dit d’emblée, les sources sont quasiment inexistantes ; tous les châteaux et les monuments du Berry sont copieusement décrits, mais sur les croix : rien !

Il existe différents types de croix : servant au bornage (croix d’asile, croix d’affranchissement…) ou pour marquer un endroit particulier (croix mémorielles, croix de christianisation...), des croix de mission ont été érigées un peu partout au 19ème siècle pour restaurer la pratique religieuse mais ce ne sont pas de ces croix dont il est question ici.

Il existe un autre type de croix : les simples croix de chemin (ou de croisement). Expression de la foi religieuse populaire, elles avaient pour but de rassurer le pèlerin et de le protéger des dangers. Elles étaient souvent érigées à un croisement (carroir) lieu propice aux mauvaises rencontres !

Ce sont à ces croix de chemin que le convoi funèbre s’arrêtait donc pour une prière et laissait, en hommage au défunt, une petite croix en souvenir. George Sand en fait également la relation dans sa description des funérailles berrichonnes.

Les croix actuelles sont, pour les plus anciennes, du 19ème siècle, mais elles ont pu succéder à d’autres croix placées au même endroit.

Céline Mata nous offre ensuite une note lumineuse avec sa harpe en nous interprétant « l’alouette » de Glinka.

Catherine Prosen-Villiod conclue la réunion par une chanson berrichonne bien connue : « Les épouseux du Berry » mais interprétée par la voix de Catherine, c’est quelque chose !

Et puis nos choristes du début : Cécile, Odyle Pérot et Florence Deru nous entrainent vers la sortie… et l’apéro,  en chantant « Que Gusto » !

En sortant, chacun de nous donne sa petite obole en passant pour la réfection des croix.

Un grand bravo pour cette initiative solidaire qui a permis de mettre en valeur les croix de Préveranges et, on l’espère de tout cœur, de les restaurer. Mais s’il faut une initiative du même ordre l’année prochaine, ce sera avec plaisir : c’est si sympathique !

Compte rendu de: Nous en Boischaut sud sur Facebook

 

 

 

 

Exposé de J.C Bouvat Martin le 17 septembre 2023

LES CROIX de PREVERANGES, exposé de Jean-Claude Bouvat Martin
Introduction
- Il m’a donc été demandé de vous parler de nos croix de Préveranges sous l’angle
historique, l’aspect religieux ayant été légitimement réservé au père Marie-Laurent.
- Or, je ne suis pas pas historien, ...mais simplement amateur d’histoire et notamment de l’histoire de notre village et de notre région...
- Je me suis donc demandé : que dire au public qui sera présent ? Et où trouver des informations ?
D’autant que les historiens locaux n’ont jamais parlé de nos croix :
-historiens plus « généraux » comme Buhot de Kersers dans sa statistique monumentale du département du Cher parue fin 19°,
-historiens plus « locaux » : E Chenon pour Chateaumeillant, M. Laurent pour Culan, ou H.
de Lavilatte pour Boussac,
-et pour Préveranges : Vincent Rochon instituteur en 1900, et Claude Nermond tout récemment.
-seuls : l’histoire (récente) de St Sauvier (par André et Nicole Poulet et Sylvie Schwaab) et Alain Pradine sur son site internet, abordent le sujet.
Que dire alors à partir de si peu de sources ?
Rapidement ce fut pour moi une évidence : répondre à votre très probable questionnement, qui fut le mien :
Pourquoi nos croix ?
Pourquoi ces croix , ici à Préveranges et là où elle sont implantées ?
Que signifient elles ?
En résumé: pourquoi des croix ? 2) pourquoi des croix à Préveranges ? Et pourquoi nos croix?
Je vais donc tenter d’apporter des réponses à ces questions,en laissant de côté un aspect qui n’est pas de mon ressort : leur qualité et spécificité
artistiques…..
 Pourquoi DES croix ?
Il faut décortiquer le sujet à nouveau :
A Pourquoi LA croix ?
Je ne vais pas vous répéter (mal..), ce que le père Marie-Laurent nous a expliqué avec talent et émotion …
Je résume simplement :
La croix, c’est le symbôle des Chrétiens, de ceux qui croient que Jésus, mort crucufié, pour la rémission des péchés des hommes, et ressucité le 3° jour, était le fils de Dieu et Dieu lui-même.
Elle constitue une profession de foi (s’en remettre à la rédemption du Christ), et la marque d’une appartenance à la communauté des Chrétiens.
B) Pourquoi DES croix ? ou comment La croix devient l’emblême du Christianisme :
a)dans les gestes quotidiens : signe de croix.
Très ancien rite chrétien attesté dès le 3° siècle (sur le front ; livre d’Ezechiel)
b) dans l’iconographie (=représentation figurée d’un sujet)
*Christianisme primitif : plusieurs symbôles ,
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mais le principal était le CHRISME formé de 2 lettres grecques superposées : I et X
(initiales de « Jésus-Christ »), puis surtout X (khi) et P (rho), deux 1° lettres de « Christos ».
Il apparait avec la conversion de l’empereur romain CONSTANTIN en 312, qui appose ce signe sur son casque et les pièces de monnaie.
Mais il est très vite concurrencé par la croix et supplanté par elle au 5° siècle.
* La croix s’impose alors comme l’emblême du Christianisme :
-L’image de la croix existait avant Jésus-Christ : en Mésopotamie, civilisations
Amériendiennes..mais elle n’avait pas forcément une fonction religieuse.
-emblême Chrétien attesté dès 2°siècle dans des peintures ou motifs : thermes de
Neptune à Ostie ou Catacombes Ste Calixte à Rome, et inscriptions à Palmyre en Syrie.
-Elle devient l’Emblême de toute la Chrétienté , à la suite :
-de la conversion de l’empereur CONSTANTIN en 312, à la suite d’un épisode miraculeux raconté par Eusèbe de Césarée (père Eglise): CONSTANTIN , au moment
d’engager la bataille du pont Milvius ou fut victorieux, aurait eu la vision d’une croix dans le ciel avec le message ‘in hoc signo, vinces » (= « par ce signe, tu vaincras »).
- et de la découverte par Hélène mère de Constantin, du bois de la vraie croix, lors d’un séjour à Jérusalem en 325/327 (car il y avait alors, des travaux pour éliminer des édifices païens édifiés sur le Golgotha )
Un morceau fut envoyé à Constantinople,et l’autre est resté sur place dans église du St Sépulcre (édifiée sur le Golgotha et St Sépulcre).
-L’usage de la croix se développe à partir de là :
-on la retrouve sur les pièces de monnaie, sur des vêtements, des lampes des sarcophages et même des maisons.
-puis elle apparait à partir du 4° siècle pour orner les édifices religieux, dont la construction se multiplie sous l’impulsion des empereurs désormais chrétiens :
mosaïques en syrie, bas reliefs à Rome, des inscriptions, mais interdite en 427 par
Théodose II sur le sol : elle doit figurer uniquement sur des endroits « honorables ».
Mais la croix reste un ornement ou un objet liturgique.
c) l’apparition des croix monumentales :
1° Les 1ères Croix monum.
- La 1° : sur le mont Golgotha par l’empereur Constantin , en OR.
-Mais commencent vraiment à apparaître :
-en Irlande au 7° siècle, par des moines qui les édifient sous forme de stèles gravées en pierre, dont certaines subsistent.
2° Le développement des Croix monumentales :
-c’est à compter du 11° siècle, dans tout le monde chrétien et spécialement en France,
et donc à Préveranges……...avec l’extension du droit d’asile.
Mais avant d’aborder ce sujet, arrêtons nous préalablement sur le point suivant :
II Pourquoi des croix A PREVERANGES ?
ou comment Préveranges s’est intégré au monde chrétien :
-tout le monde le sait : nous sommes ici dans l’ancienne province du Berry ;.
Mais ce qui est moins connu :
- conquête romaine 1° siècle avant J.-C. : notre secteur est peuplé par la nation gauloise des Bituriges ; capitale « Avaricum » (Bourges), qui participa à guerre des Gaules et à la
révolte de Vercongetorix (-52 avant JC)
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- période gallo-romaine les cinq 1ers siècles après JC ; le territoire devient la « civitas »
des Bituriges : comprenant les actuels Cher, Indre et Allier ouest (à peu près l’arrondissement de Montluçon).
(Le diocèse de BOURGES, dont le 1er évêque fut St Ursin au 4° siècle, a alors adopté le même périmètre que la « civitas », jusqu’à la révolution ! ; et même depuis et toujours à ce jour, le diocèse de Bourges est constitué des deux départements (le Cher et l’Indre!),
comme c’est toujours le cas pour les diocèses de Poitiers et de Limoges.
Le peuple adopte langue, coutumes et religion.
Le territoire de notre commune était alors déjà habité :
- Découvertes archéologiques sur la commune (fragments d’outils ou de poteries à
Rose) , déposés au musée de Chateaumeillant (ancienne « Mediolanum »).
- proximité de Médiolanum, oppidum, et des voies romaines : Mediolanum à Néris
(Neriomagus) par Sidiailles ; et Mediolanum à Ahun (Acitodinum) par St Priest (Bois
Vicher), Jurigny et Boussac.
- Le Christianisme se propage en Gaule au cours des 1ers siècles après Jésus-Christ, mais surtout dans le pourtour Méditerranéen et les villes, plus lentement dans les campagnes peu peuplées, ce qui était le cas dans contrées du centre ouest, donc ici.
C’est ST MARTIN, ancien soldat romain élu évêque de Tours en 371 qui va évangéliser au 4°siècle, avec ses moines et disciples, ce qui va devenir le Berry, en le parcourant par de nombreux voyages, il remplace les sanctuaires païens par des églises ou ermitages .
Comme l’exprime C Nermond dans son ouvrage, « Préveranges est fortement marqué » par St Martin:notre Eglise est sous son vocable, le beau vitrail du coeur le représente, le grand pré alors attenant aussi et la rue basse du bourg et son lavoir.
-PREVERANGES subit les graves événements qui ont entrainé puis suivi la chute de l’empire Romain d’Occident (476) : invasion des Wisigoths en 469, puis conquête franque vers 500, création du royaume Franc et leur conversion à la suite de Clovis vers 496 (Tolbiac), traversée des Sarrasins en allant et revenant d’Autun (731), puis pouvoir
Carolingien à compter du 8° siècle : Charlemagne crée des officiers (foncionnaires) comtes et vicomtes pour administration.
Mais en raison tant faiblesse de ses successeurs que des invasions des Vikings qui ravagent le Berry 2 fois vers 850, période troublée dislocation du pouvoir central, et se met en place progressivement le régime de la féodalité, à compter du 10° siècle: comtes et vicomtes acquièrent leur indépendance, et des liens de vassalité liée à une protection militaire réciproque, formant une pyramide de seigneurs locaux qui s’arrogent à chaque niveau, le pouvoir local.
Guerres privées et seigneurs imposent aux plus faibles ou à l’Eglise, leur protection contre de lourds impôts.
PREVERANGES est alors sous le contrôle des puissants Seigneurs de Déols (vassaux des ducs d’Aquitaine) qui possèdent : les Secteurs de Déols/Chateauroux, La Châtre,Boussac et Huriel.
Au milieu Chateaumeillant et Préveranges appartiennent à une dynastie locale vassale des Déols : les Seigneurs de La Roche Guillebault : en 1115, à la suite d’un partage familial, La Roche Guillebault devient une seigneurie autonome (qui englobe Préveranges, partie de Sidiailles et St Palais, St Eloi, Mesples, et partie de St Sauvier)
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puis vers 1240 scission de la Seigneurie de La Roche : Préveranges devient une Seigneurie autonome avec Préveranges, et partie de Sidiailles (sud) et de St Palais (ouest).
-L’Eglise va alors intervenir à compter du X° siècle comme force protectrice:
C’est « la paix de Dieu »
Des monastères comme Cluny (puis Citeaux), à travers des abbés issus souvent des grandes familles féodales, ainsi que des évêques souvent choisis par mi ces abbés, ont acquis une grande autorité morale notamment auprès d’ auteurs d’exactions qui veulent se faire pardonner par des donations.
Naissent ainsi :
- des « assemblées de paix » qui sont convoquées par des évêques, réunissant des clerc et grands seigneurs, dénommés Concile, à Charroux, Clermont, Limoges et Bourges,
notamment dans le centre ouest de la France, ou les autorités royale ou ducale se sont le plus effacées, entrainant une parcellisation du pouvoir particulièrement propice à des guerres privée ou des exactions.
Objet : Punitions graves (anathème ) pour celui qui s’en prend au patrimoine de l’Église et aux pauvres (paysans mais aussi moines, clercs..) tant à leurs biens qu’à leurs personnes.
Puis la « Trève de Dieu » :suspension de l’activité guerrière certaines périodes (avent, noël, carême, mercvfredi soir au lundi matin
Puis le « Droit d’asile » :
Nous en revenons ainsi à nos croix Préverangeoises
III Pourquoi nos croix à PREVERANGES :
ou les différents types de croix monumentales :
A) les plus anciennes, souvent disparues :
-les croix du droit d’asile:
definition générale : droit pour une personne menacée de se mettre en sécurité.
Droit d’asile chrétien, ancien droit ratifié par les autorités de s’abriter dans les Eglises ;
élaboré par les pères de l’Église, et ratifié par le pouvoir impérial au 5° siècle (code Théodose), puis par divers Conciles (notamment celui d’Orléans en 511) et les rois mérovingiens puis carolingiens.
Au moyen-âge, le pouvoir central se délicte ; l’église intervient alors à nouveau (paix de Dieu) : Le Concile de Clermont en 1095 étend le droit d’asile aux croix de chemins ;
placées souvent aux intersections de chemins, elles permettaient ainsi de se protéger contre des menaces corporelles.
Elles étaient souvent en pierre ; avec socle en pierre en forme d’autel chrétien.
- les croix de franchise :
sous l’ancien régime, zone sur laquelle un seigneur a concédé aux habitants un ensemble de droits, privilèges ou libertés ;
époque ou la liberté n’est pas le principe..dans les villes, chartes de franchises ; en milieu rural,
affranchissements des serfs (encore eattestés fin 17°, sous Louis XIV, à Boussac-Bourg !)
Ces croix définissaient les limites de cette zone.
Certains s’y réfèrent pour nos croix, mais c’est une erreur à mon sens ; même si elles ont pu exister, elles ont disparu depuis longtemps...
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- plus généralement, les croix de bornage indiquaient les limites d’un territoire, religieux ou profane (pour un seigneur et les limites de son pouvoir, administratif et surtout judiciaires
-les croix de procession : implantées dans les campagnes , en des lieux ou des paroissiens se rassemblaient en processions lors de certaines fêtes importantes du calendrier chrétien
(Rameaux, les 3 jours de rogation avant l’ascension, ou à la fête-dieu du St Sacrement présence réelle) pour demander à Dieu la protection des récoltes contre sécheresse, ou maladies des céréales
Elles ont remplacé d’anciens rituels païens printaniers de fécondité adressés aux dieux du feu et déesses de la fertilité.
B) Les croix près de chez nous :
- les croix mémoriales : elles rappellent des évènements marquants de la vie locale, à commémorer ou fixer dans la mémoire collective, comme notamment : une épidémie (la peste noire 1348, la grande peste de 1631..), un lieu de bataille ou un décès tragique (homicide ou accident).
Un exemple à proximité : si vous allez de St Sauvier à Archignat, vous traverser le bois de Lombost, en limite de ces deux communes et de Treignac ; vous y verrez une grande croix
blanche élevée en mémoire de l’assassinat ,le 31 .12.1834, de Charles Legroing de La Romagère, propriétaire du château du même nom, et qui y retournait à cheval accompagné de son jeune valet ; touché par un coup d fusil, il décède sur le coup.L’enquête aboutit à
l’arrestation de Jean ROUYAT de St Sauvier, avec qui il était en conflit pour un problème de communaux, que Ch.de La Romagère voulait récupérer.
Rouyat, condamné en 1835 aux travaux forcés à prepétuité, mais avec circonstances atténuantes (faute de preuve absolue, un 2° tireur payant pu exister); il décède à hopital de Brest en 1838.
Cette croix a été élevée par la famille de la Romagère peu après le décès.
-les croix de missions :
(mission = retraite spirituelle, notamment à la campagne, pendant plusieurs jours, avec une série d’exercices spirituels : procession, chapelet, adoration du Saint Sacrement,
messes,prêches etc.. ; croix élevée en souvenir ; nombreuses au 19° siècle , en vue de restaurer la pratique religieuse, mise à mal par la révolution)
Toujours à St Sauvier, en sortant du bourg pour aller à Leyrat ou à St Pierre le Bost, au carrefour de ces 2 routes, s’élève une belle croix en pierre, La « Croix Blanche », érigée en 1817 par Mgr Mathias de La Romagère (oncle du précédent), pour commémorer sa
nomination en tant qu’évêque de St Brieuc, mais aussi la restauration du culte catholique dans le secteur, car il y avait fortement oeuvré comme vicaire général de Moulins (aussi, car il fut déporté pendant la révolution, en raison de son refus de prêter serment à la Constitution civile du clergé).
Belle croix en pierre, élevée sur un socle surmonté d’un dé, le tout cubique , surmonté d’inscriptions : Louis XVIII, Pie VII, 1817 et blason de l’évêque).
C) Les croix de chez nous
- les croix de Christianisation :ont été érigées à l’emplacement d’anciens lieux de culte disparus (église, chapelle, oratoire, ancienne abbaye), et dont on a voulu marquer le souvenir .
Elles ont aussi pour objet de symbôliser une présence chrétienne spécifique à iun endroit précis et d ‘y maintenir, sinon un lieu de culte, au moins un lieu de recueillement et de prière.
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Tel est le cas à Préveranges de la croix (actuellement démontée car en mauvais état) au lieudit « La Chapelle » , tout près de la maison Coriolle/Auvity sur la route de Boussac.
Les anciens se rappelaient que des processions y avaient lieu régulièrement, car une chapelle Sainte Valérie y avait existé, laquelle a été détruite il y a bien longtemps , et probablement au début du 19° siècle ; Cl. Nermond rappelle qu’ en 1791, un pré et une maison en dépendant
furent vendus comme biens nationaux, et qu’en 1806 furent vendus les cloches et le mobilier,avant sa probable démolition ; Buhot de Kersers, fin 19° siècle, cite brièvement son existence passée ; mais Rochon, en 1900, ne l’évoque pas.
Rappelons que la nomination du curé de Préveranges, avant la révolution, appartenait au prévot de l’abbaye bénédictine Sainte Valérie de Chambon sur Voueze, bien que du diocèse de Limoges.
Abbaye de Chambon créée en 857 par abbaye St Martial de Limoges pour mettre à l’abri des incursions normandes, les reliques de Ste Valérie (tête conservée à Limoges) ; rattachée à l’Ordre de Cluny;des reliquaires (buste et bras) y sont toujours conservés.
Des moines de Chambon ont du être nommés, de sorte que le presbytère avait alors le titre de Prieuré.
On peut donc penser que cette chapelle a été édifiée à l’initiative de l’abbaye de Chambon .
- les croix de chemins :ou plutôt les croix de chemins et de carrefour, NOS CROIX :
*A l’exception de la croix de la Chapelle, et probablement de celles, en pierre du presbytère et de la rue St Martin , nos 11 à 15 croix de bois sont des croix de chemins et carrefours.
*Difficile de dire depuis quand il en existent : pour les auteurs de St Sauvier : 5 ou 6°
siècles ; pour d’autres, quand le droit d’asile leur fut étendu. ; pour Alain Pradine sur son site: elles remonteraient au 19° siècle ; mais ne remplacent-elles pas de plus anciennes croix?
Difficile de trancher, en l’absence de sources sur ce point….
*Les notres en bois, mais dans bien d’autres communes où elles existent : elles peuvent être en pierre (St Sauvier) granit, et fer forgé, plus ou moins ouvragées ; avec ou sans Christ ;
élevées car elles doivent servir de repères.
*Leur raison d’être :
- limites de franchise ou de paroisse/seigneurie ? : non à mon sens,
- avant tout, elles sont l’expression d’une foi vive et alors unanimement partagée, d’un souci de protection de Dieu contre les mauvaises rencontres : les carrefours, nos « carroirs », étaient perçus comme des lieux dangereux, réputation pas toujours usurpée, car jusqu’au 19°
siècle, la délinquance était importante sur les routes, et le carrefour un lieu idéal pour des embuscades de malandrins…
Et des superstitions anciennes, remontant à un temps très anciens selon certains auteurs, accroissaient le besoin de protection.
- il n’est pas exclus qu’elles servaient de guide pour le voyageur (à pied ou à cheval alors..)
- mais peut-être surtout depuis 19°, il s’agit de croix sur la voie des défunts :
Le respect, (sinon le culte..) des morts a été très important jusqu’il y a peu: traditions de fleurir régulièrement les tombes, d’aller à l’Église le jour des Rameaux, pour faire bénir du buis dont on continue à répandre des petits bruns sur les tombes, et à la Toussaint, veille du jour des défunts.
a) De la maison du défunt à l’Église, dont la distance pouvait être de 8 kms (La Couture, Magnoux..), le convoi funéraire, à pied ou avec des chars à boeufs ou tirés par des chevaux, avait besoin de haltes pour le repos, et pour faire des prières,
b) tradition de clouer sur la croix, des petites croix le jour des obsèques, pour rappeler la mémoire du défunt.
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« Phénomène unique » selon Cl. Nermond ?
Même s’il est vrai que l’on ne voit que très rarement ces petites croix sur les grandes croix aux alentours, elles n’ont pas existé uniquement à Préveranges :
Ecoutons Georges Sand (1804-1876) observatrive attentive de la vie quotidienne de nos prédécesseurs nous décrire, avec sa prose experte...
(voir un extrait en page séparée)
- Cl. NERMOND a noté que 9 croix forment un triangle équilatéral : cela est exact, mais fortuit à mon sens, d’autant que l’une des croix, pointe de triangle (celle de « La Chapelle ») est d’une autre nature, (comme évoqué ci-dessus), et donc pas une croix de chemin et de carrefour.
IV CONCLUSION :
*Il n’y avait pas de « scoop » dans mes propos: nos croix conservent une part de mystère (qui les a édifiées ? et depuis quand existent elles?)
*Mais au moins, j’espère avoir pu apporter quelques réponses aux diverses questions que vous pouviez vous poser sà leur sujet….
*Comme d’autres monuments, malheureusement peu nombreux et souvent bien transformés (Eglise, presbytère, anciens châteaux…), nos croix sont d’authentiques témoins de notre passé, et de la vie rude, mais pieuse, de nos prédécesseurs :
Quel plus bel hommage pouviez vous leur rendre qu’en participant aujourd’hui, à cette belle fête des Croix de Préveranges !
J.C. BOUVAT-MARTIN
17 septembre 2023

 

 

rando du 17 sept 2023

Rando 17 sept 2023